Carnet de route
Pic de Campbieil par l'arête de Lentilla 3173 m - Piau Engaly (20ans 20sommets)
Le 05/10/2025 par LAFORGUE Raphaël
C’est dans un brouillard très épais que nous quittons la station de Piau Engaly et nos frontales n’éclairent pas bien loin. Heureusement le secteur nous est assez familier et c’est sans difficultés que nous trouvons notre chemin malgré la visibilité très très limitée.
Le soleil se lève mais joue à cache-cache derrière les nuages. Il peine à réchauffer l’atmosphère d’autant plus qu’un fort vent s’est levé avec lui. Et c’est dans un froid polaire que nous atteignons le port du Campbieil (2596m). Nous exprimons quelques doutes quant à la suite de notre journée : qu’allons-nous trouver plus haut ? Nous décidons de continuer un peu pour aller le vérifier par nous-même.
Notre optimisme est mis à rude épreuve : arrivés au Lenquo de Capo (2716m), le vent est glacial, et quelques flocons se mettent même à tomber lorsque nous attaquons le début de l’arête. Pourtant les rochers ne sont pas glissants et, la chance souriant aux audacieux, le vent se calme, le soleil arrive à faire une percée, et les nuages commencent même à se disperser autour de nous : nous allons pouvoir mener notre projet à son terme.
L’arête n’est jamais difficile, mais le rocher est assez médiocre, voire franchement pourri : il faut bien s’assurer de ses prises avant de tirer, et d’où on pose ses pieds avant de pousser. Sinon, l’arête est plaisante et ludique : on passe souvent sur le fil, parfois à sa droite, parfois à sa gauche. Après quelques passages un peu aériens et un dernier ressaut plus grimpant, on débouche au pic de Lentilla (3157m), l’antécime Sud du pic de Campbieil (3173m) que l’on rejoint rapidement.
La vue au sommet est époustouflante : au Nord et au Nord-Ouest, nous reconnaissons, entre autres, l’Arbizon, le pic du Midi de Bigorre, le Néouvielle et le pic Long, tandis qu’au Sud et au Sud-Ouest, la Munia, le Mont Perdu, les sommets de Gavarnie, le Vignemale, et, au premier plan, le Soum des Salettes, émergent des nuages. Mais nous ne nous attardons pas : le vent se lève de nouveau.
Pour le retour, nous visons la hourquette de Cap de Long, mais nous bifurquons plein Sud avant de l’atteindre pour plonger dans le pierrier de la face Sud-Ouest du Campbieil : un vrai terrain à isards. C’est d’ailleurs un gros mâle qui, posé sur son promontoire, observe sans crainte ces trois intrus traverser son territoire pour rejoindre le port du Campbieil.
Merci à Alain et Bertrand d’avoir partagé cette belle journée avec moi, et cette nouvelle étape du projet "20 ans, 20 sommets".





