Carnet de route

Pique Longue du Vignemale 3298 m - Cauterets

Le 09/09/2024 par CHARBONNEL Alain

L'ensemble des crêtes du massif du Vignemale initialement prévues ont été écourtées par la Pique Longue en raison d'une mauvaise météo .

La météo n'était pas brillante, en ce week-end de début Septembre, mais c'était sans compter la volonté farouche de trois membres de l'AML de sortir de la grisaille de la vie ordinaire.

La grisaille justement, fut notre compagne fidèle de ces deux jours, accompagnée d'un vent bien présent et d'une humidité allant jusqu'à la grêle (merci à nos casques).

Une fois le décor planté, voyons les événements :

Pour commencer, "Dame Nature" nous a coupé la route en faisant déborder le Gave et en projetant des rochers divers dans les gorges de Luz . Nous avons adapté notre itinéraire en démarrant au Pont d'Espagne, ce qui nous a donné le plaisir de remonter la longue vallée de Gaube, sous le harcèlement régulier des averses et des rafales de vent. Parfois, le soleil intervenait, du genre "tu m'as vu ; tu me vois plus ". L'imposante face Nord du Vignemale se drapait d'austérité, lorsqu'elle se dévoilait...

Franchissant la Hourquette d'Ossoue, nous n'avons pas trainé pour gagner le refuge Baysselance et son confort . En parlant de réconfort, le gardien a laissé planer un doute réel quand à la réalisation de notre projet du lendemain, au vu des prévisions météo. Qu'à cela ne tienne, nous avions la foi chevillée en nous et, au pire, nous tenterions la voie normale de la Pique Longue. Demain, il fera jour ...

La nuit fut assez sonore ; pas de ronfleurs, mais d'incessantes bourrasques de vent. Notre désir de sommet ne pliait pas .

Un groupe de sept ou huit nous avait précédé, voulant profiter de la courte fenêtre météo qui se profilait. Peu après sept heures, nous nous élancions à notre tour.

Le départ commençait par une descente, afin de contourner le Petit Vignemale et accéder au versant glacier d'Ossou . Les sommets demeuraient encapuchonnés, mais nous avions une vision très correcte qui nous a permis de progresser dans la vaste zone rocheuse qui précédait ce qui restait du pauvre glacie . Nous étions à l'abri du vent et nous avons chaussé les crampons pour nous retrouver sur la glace grise de ce qui fut le seul glacier de vallée des Pyrénées. Nous avons bien rencontré quelques cassures dans la masse glaciaire mais rien qui puisse porter le nom de crevasses. Des voix ont trahi la présence du groupe qui redescendait ; nous les avons aperçus dans une brève éclaircie.

Nous délestant de nos crampons et batons, nous avons escaladé la paroi inclinée de la Pique Longue pour atteindre le sommet tant désiré.

Vous décrire la vue qui s' offrait à nous sera aussi rapide que le temps que nous y avons passé. Du brouillard entrecoupé de masses nuageuses ventées. Après les classiques selfies et accolades, nous avons entamé la descente, assez délicate dans ces conditions. Il nous a fallu trouver notre chemin dans le brouillard qui heureusement permettait une vision correcte. 

A peine le temps d'avaler de quoi nous réconforter à Baysselance et nous repartions pour le Pont d'Espagne, avec la fenêtre météo qui s'ouvrait et se refermait régulièrement. A la Hourquette, le Seigneur des lieux a daigné se défaire de sa toge limbeuse pour que nous puissions le saluer, notre route a croisé quelques marmottes dont une, totalement irrévérencieuse et dont nous n'avons vu que le dos, bien que nous passions à quelques mètres d'elle.

Enfin, ce fut la longue et très longue descente de la vallée de Gaube et les retrouvailles avec la voiture.

La course prévue n'avait pas pu être réalisée, mais le plan B était pas mal non plus et nous avons eu le sentiment de ne pas avoir perdu notre week-end !